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Périphrases

J’en ai déjà parlé plusieurs fois ici, j’aime particulièrement ici l’ambiance multiculturelle et le mélange de langues parlées par les différentes personnes que l’on croise au fil de la journée. En ce qui me concerne, cela commence généralement par l’anglais au centre de plongée, puis selon les cas le français ou l’allemand avec les clients, et finit en général par le russe ou l’italien suivant le restau où je mange le soir (non, je n’ai pas dit que je parlais russe ou italien, je suis juste plongé dedans !).

Quand je suis avec ma tendre moitié, on veut parfois dire des choses entre nous qui ne soient pas comprises par les autres. Il faut alors être très prudent, car en particulier les noms propres, mais aussi d’autres mots sont universellement compréhensibles. Il faut alors ruser, et on a plusieurs petites stratégies possibles :

  • Parler en Roumain : Pas de problèmes pour me femme, mais mon vocabulaire dans la langue de Ionesco est un peu limité. Et puis beaucoup de mots ont des racines latines, donc compréhensibles par les francophones ou italophones.
  • Utiliser le parler Vaudois. Seul problème, cette fois-ci c’est Madame qui est un peu limitée côté vocabulaire. Et on est à la merci d’une oreille vaudoise tapie dans un coin du bar…
  • Donner des surnoms improbables au gens. Très pratique pour en dire du mal. Ainsi, le copain Irlandais de Doris a été baptisé « l’Espagnol », parce que « Doris espagnole » (= petit nudibranche observable en plongée). Impossible à deviner. Autre exemple : le patron du centre de plongée « Sail Rock » devient « le patron du Caillou Naviguant ». Impossible à deviner non plus.

Bref, je vous encourage chaudement à ce genre d’exercice, cela devient encore plus agréable de médire sur l’entourage surtout lorsqu’il est présent !

Babel III

Une petite note un peu technique concernant les langues. J’ai à plusieurs reprises eu à gérer le problème d’un site web hébergeant plusieurs versions du contenu pour permettre l’utilisation de différentes langues. Non pas que mon lectorat soit particulièrement cosmopolite, mais on m’a demandé deux ou trois fois de gérer la partie francophone d’un site déjà en fonction. Voici donc un petit compte rendu des différentes alternatives que j’ai pu expérimenter sous WordPress.

La première solution, la solution du pauvre, consiste à utiliser un plugin de traduction automatique. C’est la solution qui était en vigueur sur ce présent blog jusqu’à il y a quelques jours. J’avais utilisé personnellement le plugin « Transposh Translation Filter« , très facile à installer et exploiter. Aucune modification au contenu pré-existant n’est nécessaire, il suffit d’activer le plugin et de placer le widget de choix des langues quelque part dans la page, et ça y est. Toutes les langues de la création (ou presque) sont disponibles en un seul clic. L’inconvénient majeur en revanche, c’est la qualité de la traduction. Malgré ce que nous dit Noam, le résultat est souvent plus proche de la poésie dadaïste que du texte original. Cet inconvénient majeur est partiellement contournable car il est possible de corriger la traduction proposée, en éditant manuellement les passages les plus surréalistes. C’est un peu laborieux, et dans le pire des cas on récrira quasiment complètement l’article de manière peu conviviable, mais cela permet de s’en sortir honorablement dans la majorité des cas.

La seconde solution que j’avais expérimentée était dans un contexte un peu plus exigeant. Mon ancien employeur m’avait demandé de refaire complètement le site de son resort de plongée, en trois langues, avec un graphisme original. Suite à une situation plus que floue au niveau de la rémunération (oui, même au Paradis le travail se paie, du moins je le croyais !), le projet n’a jamais été véritablement terminé, mais il m’a permis d’expérimenter LA méthode officielle : le réseau multi-site.
C’est un peu lourd à mettre en place, et il faut en plus avoir accès chez l’hébergeur car on doit modifier des fichiers de configuration de bas niveau (.htaccess entre autres). Cela permet ensuite d’avoir autant de sites que l’on veut, tous indépendants les uns des autres, mais avec les thèmes et les plugins en commun. Les contenus sont en revanches totalement indépendants et l’on doit gérer et « nourrir » tous les sites les uns après les autres. Dans le cas de contenus multilingues, cela présente le grand avantage aussi de pouvoir déléguer la gestion des contenus aux personnes ayant les bonnes compétences linguistiques, et chacun peu travailler de manière indépendante.
L’inconvénient majeur demeure la complexité; une modification de mise en page par exemple doit être effectuée sur chacun des sites. De même que tous les contenus média doivent être uploadés autant de fois qu’il y a de sites, et qu’inévitablement l’allure des différents sites diverge au bout d’un moment s’il n’y a pas de coordination sérieuse. Bref, pour résumer, mon expérience avec cette méthode est un peu mitigée : c’est lourd à gérer « comme ça » entre deux plongées (et surtout gratuitement !)…
Pour ceux que cela intéresse, on trouve quantité d’informations sur le sujet sur le site WordPress en particulier.

La dernière méthode que j’ai expérimentée est celle actuellement en vigueur sur ce présent site. Il s’agit d’un plugin qui permet de mettre en ligne plusieurs versions des contenus, « qTranslate« . Aucune modification n’est nécessaire au contenu pré-existant, il suffit d’installer le plugin puis d’enter les différents articles dans les différentes langues. L’éditeur comporte un onglet par langue, et on tape les différentes versions de manière indépendante. On n’a qu’un seul site, et l’on peut choisir quantité d’options de présentation, comme par exemple masquer les articles qui n’ont pas été traduits. Cela offre une certaine souplesse pour la saisie, et bien que je ne l’aie pas expérimenté, on peut également faire appel en ligne à un service de traduction payant (ils se font payer, eux !).
Il y a également d’autres extensions qui permettent la gestion des slugs et des tags, mais je n’ai pas encore eu l’occasion de les expérimenter complètement.

Bref, dans le contexte de ce petit blog sans prétention, la dernière solution est celle qui me donne la meilleure satisfaction pour le moment.

Babel II

Si il y a une chose que j’apprécie particulièrement dans ma nouvelle vie, c’est le brassage des populations. J’ai toujours bien aimé comprendre les mécanismes des différentes langues, et même si je ne suis pas un polyglotte particulièrement doué, j’aime bien être baigné dans cette sorte de Tour de Babel qu’est notre petit village de pêcheurs (et de plongeurs accessoirement).
On a ici bien sûr des anglophones en grande majorité, et la langue de Shakespeare (plus ou moins massacrée) reste le vecteur quasi universel de communication, mais on a aussi par ordre de fréquence :

  • les thaïs bien sûr;
  • des francophones;
  • des russophones;
  • des germanophones;
  • de l’hébreux;
  • des italophones;
  • quelques hispanophones.

En ce qui me concerne, je travaille en anglais, français et allemand. C’est marrant d’ailleurs de constater aussi que les différentes populations ont plus ou moins de facilité avec les langues. Les pires sont sans doute les anglophones; ils parlent la langue universelle et ne voient pas pourquoi ils devraient se casser les pieds à en apprendre une autre. Parmi les francophones, ceux originaires des petits pays comme la Suisse ou la Belgique sont souvent de très bons polyglottes. Et sans vouloir donner dans le cliché, les Français ne sont généralement pas très doués, sans doute pour des raisons historiques. Le français fut en effet la langue internationale jusqu’au début du 20ième siècle. Mais contrairement aux Anglais, ils essaient au moins de s’y mettre…

Les Israëliens sont généralement tous bi ou trilingues. De quoi me flanquer des complexes.
Les allemands quant à eux maîtrisent généralement bien l’anglais, mais sont tout contents s’ils peuvent pratiquer la langue de Goethe, particulièrement pour des cours de plongée. Ils doivent avoir le même problème que moi dans leur langue : ils doivent se concentrer pour parler correctement et c’est plus reposant de converser dans sa langue maternelle.
Pour ce qui est des russes, la majorité d’entre eux ne pratiquent que leur propre idiome. Il y en a une petite proportion qui maîtrise tout de même l’anglais (principalement les expats), et j’adore les entendre parler avec leur accents de méchants sortis tout droit d’un film de James Bond !

Et puis il y aussi les écritures. Le thaï, avec ses 56 caractères, sans compter les accents et autres altérations, j’ai laissé tomber. Je me contente d’en admirer la souplesse des dessins, et tant pis pour la compréhension (pour le moment du moins).
Le cyrillique, j’adore. Ayant fait suffisamment de maths durant mes études pour savoir l’alphabet grec par coeur, j’arrive à déchiffrer une bonne partie des mots. Il y en a même quelques uns que je comprends, comme le titre du bouquin qui trône sur le comptoir du Zhaba bar : Библия бармена (Bible du barman j’imagine). Mais malheureusement mes compétences s’arrêtent là…

L’hébreux écrit m’est totalement impérméable, pas moyen de mettre des sons sur ces symboles qui n’ont pourtant pas l’air si compliqués. bon, il parait qu’ils n’écrivent que les consonnes, cela ne doit pas simplifier les choses. Et puis comme je l’ai déjà dit, les Israëliens sont tous parfaitement multilingues, pourquoi me fatiguer, d’antant plus qu’il y a peu de chances que je finisse instructeur de plongée dans la Mer Morte, et il n’est pas question non plus de devenir ingénieur chez CheckPoint !

Babel-upon-Siam

Ce soir, irrésistible envie de pâtes, sans doute consécutives aux excès des jours précédents. Je vais donc chez l’Italien qui tient un petit restau au milieu du village et accessoirement aussi le bar où ont lieu les jams du mercredi. La nourriture y est délicieuse, car il fait tout lui-même : pâtes, pizzas, sauces, etc. En plus, il a un petit rouge qui passe bien (à condition d’y mettre un glaçon).

J’attaque donc mes carbonaras tandis que trois gamins jouent sur le terrasse. Deux qui ont l’air Thaïs, et un blondinet qui ne doit pas être du cru. Ils semblent pourtant tous parler Thaï : la partie de cache-cache commence, et la petite fille commence à compter : neung, song, som, see, ha… Le blondinet a repéré une super cachette de l’autre côté du bac à fleurs et se prépare à l’enjamber. Soudain un grand monsieur à la table d’à côté crie : « Luca, komm zurück sofort ! ». Le gamin se pétrifie et revient. La petite fille toute contente se moque de lui en thaï dans le texte (du genre : « nulle ta cachette, je t’ai trouvé du premier coup! »).

Moi, je finis mon verre de rouge et vais payer mon repas : « Arrivederci, my friend, see you on wednesday ! » me lance le patron en sortant. Mes pauvres neurones saturés d’azote se mélangent un peu les pinceaux et je réponds « Buna seara, see you la proxima, auf wiedersehen, et merci bien. »

Où ai-je bien pu fourrer le phrasebook du lonely planet ?