Archives mensuelles : juillet 2013

Visa run – le retour

Bien qu’ayant une longue tradition d’extrême droite, et ayant milité toute ma vie pour foutre dehors tous les sales étrangers de Suisse qui viennent lâchement profiter de l’humanisme éclairé de son Souverain pour se goberger gratuitement à nos crochets, tout en violant nos lois, nos femmes et nos filles, je me retrouve maintenant moi-même dans la situation précaire de parasite et doit me plier aux caprices de la loi thaïe qui m’oblige à sortir tous les 60 jours du pays. Sur les conseils de plusieurs collègues, j’ai tenté cette fois ma chance à Penang, en Malaisie, où il est apparemment plus facile de prolonger un visa. Et bien je ne suis pas déçu du voyage…

Premièrement, la première tentative de départ a dû être avortée, étant donné que je ne pouvais pas m’éloigner des toilettes de plus de 10 m sans craindre pour mon prestige personnel. Une gastro comme ça, je n’en n’ai pas eu une pareille en deux ans ici… Avec fièvre, crampes, stupeur et tremblements, le package complet. Heureusement que cela n’a duré que deux jours. Mais bon, je me suis du coup retrouvé en « overstay » et ai dû m’acquitter de l’amende pour pouvoir quitter le pays sans passer par la case prison. Sans parler du 1er billet de bus qui fut dépensé pour la gloire.
Le deuxième essai fut plus concluant. Mais c’est là que je me suis encore rendu compte que mon île est loin de tout : 15h de voyage pour rallier George Town et Penang en bateau et divers bus, qu’et-ce que c’est loooooonnng…

Une fois sur place, je me suis mis en quête de Mr Jim, qui d’après un de mes collègue, possède des entrées priviligiées au consulat de Thaïlande. Alors me voila sorti du bus je ne sais pas trop où, dans un pays dont je ne parle pas un traitre mot de la langue, et sans le moindre centime de monnaie locale (je suis mal habitué avec la Thaïlande où on trouve des ATMs tous les 10 m), à la recherche de Mr Jim. Je le trouve finalement dans un endroit assez louche, à 22h30 au milieu d’un quartier relativement glauque et fréquenté par un grand nombre de dames (ou messieurs je n’ai pas été vérifier) qui vous demandent du feu dans la rue et ce que vous avez de prévu pour la soirée… Bref, je largue mon passeport en espérant que M. Jim sera là demain, et tente de me trouver un hôtel à peu près respectable.
Le lendemain, je constate avec surprise et satisfaction que je n’ai ni été devoré par la vermine, ni violé par un travelot pendant la nuit. Je me ballade un peu dans la ville et me rends à l’heure convenue chez Mr Jim, qui me rend mon passeport avec le visa tout ce qui à l’air de plus authentique. Oui, je sais, je vois le mal partout, la Nature est bien faite et l’humanité est profondément bonne et bienveillante. Promis, je relis Rousseau dès que je rentre entier à la maison (en Europe ou en Thaïlande ??? Je ne sais plus !).

Le nerf de la guerre

Attention : l’article qui suit aborde des sujets hautement tabous dans toutes les cultures : on va parler de pognon et tordre le cou à certains mythes sur la vie au Paradis. Voilà, vous êtres prévenus !

Premièrement, oui, on a aussi besoin d’argent sur une île paradisiaque sous les tropiques. Moins qu’en Europe d’accord, mais comme on dit ici : « No money, no honey ! ». Le loyer se paie, les trajets pour les visa runs, la nourriture, la boisson, et tout le reste. Il y a en moyenne un facteur de réduction d’environ 10 par rapport à la vie en occident, mais le revenu moyen raisonnablement possible pour un expat subit à peu près la même réduction d’échelle. Du coup, il faut faire attention et avoir une discipline de fourmi quant aux dépenses. Et quand vous tentez d’expliquer cela aux gens qui viennent ici en vacances 10 ou 15 jours, ils vous rient au nez en vous disant que de toutes façons vous êtes en vacances toute l’année.

Très concrètement, les choses se passent ainsi. J’ai des goûts de luxe, donc j’habite dans une maison de standing, avec l’électricité, l’eau chaude et la clim (et oui, on devient douillet avec l’âge). Je paie environ 320.- de loyer par mois, plus la facture d’électricité à ma charge (env. 30 à 50 Frs par mois). J’ai une moto dont je dois remplir le réservoir environ une fois par semaine, soit à peu près 20.- d’essence par mois. Un plat au resto thai du coin coûte environ 3.-, une « bonne » bouffe occidentale varie entre… 5 et 30.- pour les jours de folie. Ajouté à cela la boisson et les autres vices (budget nettement moindre qu’en Europe, ce qui permet d’être moins regardant sur ce poste-ci !), on arrive environ à 500 ou 600.- par mois de dépenses locales (je ne parle pas de l’assurance maladie en Suisse ni des impôts et autres gabelles dont je dois toujours m’acquitter en Europe.

Côté revenus, il faut tout d’abord savoir que tous les instructeurs de plongées sont payés à la commission. Pas de plongée, pas de sous. Pas de fixe, pas de jetons de présence, de prime d’eau ou autre avantages en nature. Cela varie un peu selon les centres, mais un instructeur touche entre 20 et 25 % du prix payé par le client. Indépendamment du nombre de jours passés pour un cours. Par exemple, si on a un groupe de deux plongeurs pour un cours Open Water, on touche le pourcentage du prix final. S’il faut passer deux jours de plus parce que l’un des plongeurs a des difficultés, c’est pour ta poire. De même que les soirées passées au centre à gonfler les bouteilles, c’est aussi du bénévolat. Bref, pour des journées qui commence à 7h du matin et qui se terminent généralement vers 18h30 -19h (sans pause syndicale de midi), les revenus restent maigres, particulièrement hors des 3-4 mois par année de haute saison.

Et pour terminer, OUI, on peut donner un pourboire à l’instructeur, surtout s’il a fait du bon boulot. Au pire, lui payer un verre lorsque l’on fête la fin de son cours,  je n’en connais aucun qui va se vexer, pas de soucis…

La princesse au petit pois

Toujours faire confiance à un chat pour trouver l’endroit le plus confortable :

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