Archives quotidiennes : 18 juillet 2013

Le nerf de la guerre

Attention : l’article qui suit aborde des sujets hautement tabous dans toutes les cultures : on va parler de pognon et tordre le cou à certains mythes sur la vie au Paradis. Voilà, vous êtres prévenus !

Premièrement, oui, on a aussi besoin d’argent sur une île paradisiaque sous les tropiques. Moins qu’en Europe d’accord, mais comme on dit ici : « No money, no honey ! ». Le loyer se paie, les trajets pour les visa runs, la nourriture, la boisson, et tout le reste. Il y a en moyenne un facteur de réduction d’environ 10 par rapport à la vie en occident, mais le revenu moyen raisonnablement possible pour un expat subit à peu près la même réduction d’échelle. Du coup, il faut faire attention et avoir une discipline de fourmi quant aux dépenses. Et quand vous tentez d’expliquer cela aux gens qui viennent ici en vacances 10 ou 15 jours, ils vous rient au nez en vous disant que de toutes façons vous êtes en vacances toute l’année.

Très concrètement, les choses se passent ainsi. J’ai des goûts de luxe, donc j’habite dans une maison de standing, avec l’électricité, l’eau chaude et la clim (et oui, on devient douillet avec l’âge). Je paie environ 320.- de loyer par mois, plus la facture d’électricité à ma charge (env. 30 à 50 Frs par mois). J’ai une moto dont je dois remplir le réservoir environ une fois par semaine, soit à peu près 20.- d’essence par mois. Un plat au resto thai du coin coûte environ 3.-, une « bonne » bouffe occidentale varie entre… 5 et 30.- pour les jours de folie. Ajouté à cela la boisson et les autres vices (budget nettement moindre qu’en Europe, ce qui permet d’être moins regardant sur ce poste-ci !), on arrive environ à 500 ou 600.- par mois de dépenses locales (je ne parle pas de l’assurance maladie en Suisse ni des impôts et autres gabelles dont je dois toujours m’acquitter en Europe.

Côté revenus, il faut tout d’abord savoir que tous les instructeurs de plongées sont payés à la commission. Pas de plongée, pas de sous. Pas de fixe, pas de jetons de présence, de prime d’eau ou autre avantages en nature. Cela varie un peu selon les centres, mais un instructeur touche entre 20 et 25 % du prix payé par le client. Indépendamment du nombre de jours passés pour un cours. Par exemple, si on a un groupe de deux plongeurs pour un cours Open Water, on touche le pourcentage du prix final. S’il faut passer deux jours de plus parce que l’un des plongeurs a des difficultés, c’est pour ta poire. De même que les soirées passées au centre à gonfler les bouteilles, c’est aussi du bénévolat. Bref, pour des journées qui commence à 7h du matin et qui se terminent généralement vers 18h30 -19h (sans pause syndicale de midi), les revenus restent maigres, particulièrement hors des 3-4 mois par année de haute saison.

Et pour terminer, OUI, on peut donner un pourboire à l’instructeur, surtout s’il a fait du bon boulot. Au pire, lui payer un verre lorsque l’on fête la fin de son cours,  je n’en connais aucun qui va se vexer, pas de soucis…