Archives mensuelles : mai 2012

Motivations

L’excellent article de nakan sur ses motivations quant à la participation à son triathlon m’a amené à me poser les mêmes questions sur les miennes. Qu’est-ce qui a fait que moi, petit Combier d’origine émigré à Genève, ai décidé à plus de 43 ans de quitter les rails biens huilés de mon quotidien pour tenter de devenir instructeur de plongée en Thaïlande ? Les éléments de réponses sont multiples.

Premièrement, pourquoi la Thaïlande ? Et bien non, ce n’est pas parce qu’il y a pleins de filles qui jouent au ping-pong dans les bars spécialisés de Patpong que je suis venu ici. J’aime profondément la philosophie des gens qui vivent ici. Le bouddhisme y est certainement pour quelque chose, mais il y a une tolérance ici que j’ai rarement vue dans d’autres cultures. D’aucuns diront peut-être que c’est hypocrite, mais finalement c’est effectif. Et de toutes façons, je n’ai pas la prétention de comprendre jamais une culture aussi riche et complexe.

Deuxièmement, il y a la plongée. J’ai usé mes fonds de culottes sur les bancs d’école, collège et université pendant des années, mais je n’ai jamais cultivé mon corps comme je l’ai fait pour mon esprit. Alors bien sûr, j’aurais pu faire du triathlon comme Nakan, mais je ne voulais pas le rendre ridicule, et puis cela aurait deux blogs sur le même sujet, cela aurait été dommage ! Plus sérieusement, la plongée, j’ai découvert ça sur le tard, et il m’a fallu un bon moment pour crocher vraiment, mais les sensations physiques qu’on y ressent sont devenues une véritable addiction maintenant. En effet, pour un petit gros complexé, avoir une telle maîtrise de sa motricité dans l’eau (et dans 3 dimensions en plus), c’est une véritable découverte. Et en plus on peut picoler le soir et maigrir en même temps; cela devrait être remboursé par les caisses maladie ! Et le déclic final a été le Divemaster l’année passée : j’ai vu que je pouvais être bon dans une discipline physique, et ça c’était vraiment nouveau pour moi. Et entre nous, passer ses journées à reluquer des filles (bon d’accord, des mecs aussi) en bikini sous l’eau, c’est tout de même plus agréable que d’être assis derrière un écran d’ordinateur…

Troisièmement, il y avait le boulot à la TSR. Autant c’était génial, passionnant et prometteur les premières années, autant c’est devenu catastrophique sur la fin : tâches ingrates, ambiance pourrie (sauf avec les collègues, je précise), perspectives d’avenir nulles. Je me suis rendu compte que ce que je faisais ne me plaisait plus et que je restais par commodité et par inertie. J’aurais pu attendre la retraite comme ça jusqu’en 2034 (véridique !), quel bel avenir…

Bien sûr, je ne suis pas dupe, je sais bien que la période actuelle est relativement facile : je prépare mon instructorat, je plonge, je bricole un peu l’informatique au centre de plongée, mais je vis pour le moment sur mes réserves financières. Il faudra voir à terme comme je m’en sors de ce côté là. Et puis il y a les 1012 tracasseries à traiter lorsque mon épouse va me rejoindre : que faire de la maison, des chats, des vieux parents… sans parler des permis de travail et visas thaïs. On se prépare encore quelques cheveux blancs, mais comme disait à raison Aznavour : « la misère est moins dure au soleil »…

Bande-annonce

Non, je ne fais pas de la flagornerie vis-à-vis de mes nouveaux patrons en faisant de la pub pour le centre, mais je trouve le dernier film fait par notre vidéographe assez génial, et résume bien l’ambiance des plongées ici :

Et si vous regardez bien à 0:37, vous me verrez sourire de manière très intelligente à la caméra !

Fun dives

S’il y a un moment apprécié dans la vie professionnelle d’un Divemaster (ou d’un instructeur aussi apparemment), c’est lorsque se présentent des fun dives. Une « fun dive », c’est une plongée juste pour le fun, pas de cours, pas d’exercices, pas de clients à s’occuper, bref, c’est une « vraie » plongée !

Parce qu’il faut dire que la grande majorité du temps, on n’est de loin pas libres de plonger comme on veut : il faut gérer les clients, organiser les baptèmes, faire attention aux limites de profondeur/durée/consommation d’air, et je crois que depuis que je suis arrivé je n’avais pas fait une seule plongée de plus de 30 minutes… Certes la gestion des clients fait bien sûr partie du boulot (et je ne vais pas me plaindre, c’est largement plus cool que d’être avachi devant un écran d’ordi pour un patron qui s’en cogne), mais c’est vrai que l’on n’a pas tellement le temps d’apprécier la plongée dans ces circonstances.

Hier, c’était fun dives pour tout le monde (avantage de la basse saison), et on s’est vraiment fait plaisir. Je suis parti avec mon camarade Steve, qui rongeait son frein tout autant que moi, et on s’en est donné à coeur joie : deux plongées de 60 minutes entre 25 et 30 m, ce n’est pas tous les jours. Et en plus j’avais pris mon appareil photo (chose impossible en temps normal) et ai tiré quelques clichés :

Départ du port

 

L'enthousiasme du départ

Le monde du silence

Une gorgone au pied de East Pinnacle

Ce qu’il y a d’exceptionnel à Sail Rock, c’est la densité de la vie marine présente ici. Voici quelques exemples : bancs de barracudas, papillons, murène :

J'ai plus d'appétit...

 

...qu'un barracuda !

 

Butterfly fish

 

Et Marlène, la murène !

Et des petites bestioles que j’adore : les nudibranches. Ils ne font que quelques centimètres et sont assez difficiles à voir. J’ai tenté un macro avec l’appareil photo, mais je ne maîtrise pas encore tout à fait :

Nudibranche "pyjama" je crois...

Et en fin de plongée, on a croisé un gars au palier qui avait une espèce de scooter marin. On en a profité pour faire les zouaves avec :

Comme James Bond...

Bref, une journée exceptionnelles, avec des conditions de mer incroyables : plat, visibilité à plus de 25 m, on s’est vraiment fait plaisir !

Sailrock divers

Bon, sur Solarie j’ai passé plus de 6 ans à parler de mon boulot à la téloche, il n’y a pas de raison pour que je ne continue pas maintenant dans ma nouvelle orientation. Pour le moment, je travaille comme Divemaster à Sailrock divers. Cela veut dire que j’assiste les instructeurs, et que je guide les plongeurs lors des sorties. C’est le premier échelon de la hiérarchie quasi militaire dans le monde PADI (= Professional Association of Diving Instructors). Le but à court terme étant évidemment de devenir instructeur, ce qui devrait arriver d’ici un mois, à condition que je passe les examens avec succès.

L’endroit est très chouette. Bien sûr, on est sous les tropiques, et le climat est légèrement plus chaud. Ces jours, cela oscille entre 28 et 36° avec la mer autour de 31°. Le cadre de travail, cela ressemble à ça :

Le centre est tenu par un couple de Britanniques, que j’avais eu l’occasion de rencontrer en Egypte il y a quelques années. Ils ont ouvert leur propre centre en 2007, et sont devenu depuis l’un des plus importants de la région. L’ambiance assez internationale, mais à majorité anglo-saxonne. C’est là où j’ai peut-être ma carte à jouer pour prendre en charge les hôtes francophones. Pour le moment, c’est la basse saison et il n’y a pas foule, mais les hordes Gauloises devraient déferler sur l’île pile poil au moment où j’aurai terminé mon instructorat, avec un peu de chance…

Côté logement, j’ai pour le moment choisi la facilité et me suis loué un bungalow dans le centre de plongée même. Je peux me lever 10 minutes avant de commencer à bosser sans arriver en retard ! Voici ma maison, vue depuis le centre :

Tout comfort, TV, air conditionné, cuisine équipée. Mais bon, ce n’est que temporaire, car il va falloir réduire les frais si je veux m’en sortir sans taper dans les réserves fédérales…

born to be mild

A la demande générale, voici donc une photo du magnifique véhicule que je viens d’acquérir :

Oui, elle est magnifique. J’hésite encore à lui faire monter sur le côté une sorte de side-car en tubes métalliques, très en vogue dans la région, mais on me l’a fortement déconseillé pour deux raisons : la première est évidemment esthétique. La seconde est que les ingénieurs de Suzuki Motors n’ont jamais prévu que des thaïs allaient bricoler des side-cars maison permettant aisément le transport d’une famille de 5 personnes, plus une bonne partie du mobilier de la cuisine. Cet adjonction a légèrement tendance à désequillibrer l’engin et le rendre aussi dangereux qu’une arme de gros calibre. En cas de virage à droite, il fait monter la probabilité d’accident presque au niveau de celui de se prendre une noix de coco sur la tronche… Donc j’hésite encore pour le moment !

 

Chaloklum

Voila, après 24 heures de voyage, enfin de retour sur mon île. Finalement, le plan de descendre en bus puis en bateau rapide représente un compromis intéressant entre la durée et le coût du voyage. Départ de Bangkok à 5h30 du matin, arrivée vers 17h, le tout pour moins de 40.-, cela vaut la peine. Et comme j’étais déjà jetlaggué, se lever à quatre heure et demi du matin ne pose pas vraiment de problèmes !

Arrivée à Sailrock divers, c’était bien sympa de retrouver les vieilles connaissances, même si beaucoup ont malheureusement quitté les lieux pour d’autres cieux. On m’avait prévenu, cela peut s’avérer émotionnellement assez éprouvant de vivre des amitiés intenses mais limitées dans la durée… C’est pour cela que les gens peuvent sembler parfois assez froid et pas très fidèles dans les contacts à distance. Enfin, le noyau dur est toujours présent et le centre s’est bien agrandi en 7 mois, et j’ai même joué la facilité en prenant pour le moment un bungalow sur place. Je n’aurai jamais de toute ma vie professionnelle habité aussi proche de mon lieu de travail !

Demain cela va être la première plongée, en freelance, car c’est encore la basse saison pour le moment et les clients ne sont pas légion à cette période. Il parait quela visibilité dépasse 30 m et que des requins baleine se baladent par là à travers… On verra si j’ai de la chance !

Bangkok again

Et bien voila. Cela n’aura pas été très long avant que je ne repasse ma porte de l’Asie. Bien sûr, cette fois je suis tout seul sans ma tendre moitié (qui est devenue mon épouse légitime entretemps), et c’est un peu moins festif, mais tout de même : l’émotion est toujours au rendez-vous.

Outre le fait que je me suis pris 20 bons degrés centigrades (et 50% d’humidité) dans la tronche dès ma sortie de l’aéroport, Bangkok me fait toujours la même forte impression. Côté architecture, on est un peu dans le style New-York, même si Khaosan reste fidèle à elle-même. Mais le truc, c’est l’odeur. Paradoxalement c’est une ville de 13 millions d’habitants qui sent bon. Dès que l’on arrive dans le quartier de Banglamphu, ce sont des parfums d’épices qui envahissent les narines : coriandre, ail, curries, poulets grillés. Une ville entière qui sent comme ma cuisine quand je prépare un curry thaï. Sauf qu’il fait 36 degrés et que les gens parlent avec ces accents tonals si particuliers. Cool malgré tout d’être ici…

Demain on va planifier la migration au sud, mais ce soir ça va être petit curry dans la rue et petit thai bucket en guise somnifère et de remède au jet-lag !

Préparatifs

La paperasse, ce n’est pas encore tout à fait fini. La restitution du badge et des affaires au boulot, ça c’est bon. Le rangement de mon armoire ainsi que des restes de la fête, y’a encore du pain sur la planche. Les trucs à délai sur le moyen terme, il en reste encore pas mal : le test antipollution de la voiture, l’affiliation à l’assurance maladie expat, la coupe de bois pour la saison prochaine, la tonte du gazon et l’achat des produits d’entretien pour la piscine, etc, etc.

Et puis étant donné le temps qu’il me reste avant de partir, faudra faire avec les moyens du bord; les délais de livraison étant ce qu’ils sont, plus moyen de commander quoi que ce soit sur Internet. Evidemment, la batterie supplémentaire de mon iPhone 3GS vient de lâcher aujourd’hui, trop tard pour en commander une autre. Mon couteau suisse joue à cache-cache depuis 2 jours, il faudra vraiment que je le retrouve avant de partir, je fais tout avec : ouvrir des bouteilles de rouge, visser ce que se dévisse, me couper les ongles des pieds. Pas envisageable de partir sans.

Et puis l’existentielle question : que faut-il prendre, dans la limite IATA de 20 kg, quand on part pour… longtemps ? Combien de slips de rechange ? Combien de paires de chausettes étant donné qu’on met presque tout le temps des tongs ou des palmes ? Et surtout, dans quoi mettre tout cela ?

Oui, je suis un grand angoissé du départ, et cela ne s’arrange pas avec l’âge !

La tour

Ce matin, je suis passé sans doute pour la dernière fois au bureau pour rendre mon badge d’accès. Mon contrat est officiellement terminé depuis le 30 avril (ou le 31 selon le dernier courrier des RH !) et effectivement, j’ai dû m’annoncer comme visiteur à l’entrée, mon accès ne fonctionnait plus.

Petite visite aux anciens collègues, vue sur mon ex-bureau : pot de stylos et autres bibelots qui ne m’appartiennent pas, bref, ce n’est plus mon bureau. J’ai donc dit au revoir, avec un drôle de malaise, et suis sorti assez rapidement. Dernier coup d’oeil en partant sur ce bâtiment qui est devenu étranger :

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Mais bonne nouvelle : je ne me suis pas changé en statue de sel en me retournant !