Archives mensuelles : septembre 2011

Babel-upon-Siam

Ce soir, irrésistible envie de pâtes, sans doute consécutives aux excès des jours précédents. Je vais donc chez l’Italien qui tient un petit restau au milieu du village et accessoirement aussi le bar où ont lieu les jams du mercredi. La nourriture y est délicieuse, car il fait tout lui-même : pâtes, pizzas, sauces, etc. En plus, il a un petit rouge qui passe bien (à condition d’y mettre un glaçon).

J’attaque donc mes carbonaras tandis que trois gamins jouent sur le terrasse. Deux qui ont l’air Thaïs, et un blondinet qui ne doit pas être du cru. Ils semblent pourtant tous parler Thaï : la partie de cache-cache commence, et la petite fille commence à compter : neung, song, som, see, ha… Le blondinet a repéré une super cachette de l’autre côté du bac à fleurs et se prépare à l’enjamber. Soudain un grand monsieur à la table d’à côté crie : « Luca, komm zurück sofort ! ». Le gamin se pétrifie et revient. La petite fille toute contente se moque de lui en thaï dans le texte (du genre : « nulle ta cachette, je t’ai trouvé du premier coup! »).

Moi, je finis mon verre de rouge et vais payer mon repas : « Arrivederci, my friend, see you on wednesday ! » me lance le patron en sortant. Mes pauvres neurones saturés d’azote se mélangent un peu les pinceaux et je réponds « Buna seara, see you la proxima, auf wiedersehen, et merci bien. »

Où ai-je bien pu fourrer le phrasebook du lonely planet ?

The final

Avant-hier soir, c’était mon « final », c’est-à-dire la soirée qui clôture le cursus du Divemaster. Il y a évidemment un petit bizutage prévu dans l’histoire, on est entre gens sérieux ! Je m’attendais au pire, car j’avais entendu les pires horreurs sur le sujet, et la version la plus plausible consistait un boire une mixture fortement alcoolisée à travers un tuba tout en portant un masque (cela s’appelle le « snorkle test »). J’ai même lu que certaines fois la mixture contenait des substances sympathiques et variées, allant des piments au viagra en passant par l’extasy et le valium…

En fait, j’ai eu une version beaucoup plus sympathique : une jarre (environ 1/2 litre) de bière, tequila, vodka et je ne sais pas trop quoi d’autre qui donnait à la mixture une étonnante couleur brun-vert, non sans rappeller la teinte de l’eau de mer en plongée passé 35 m… Mais le goût n’était franchement pas mauvais.
Pour que le « final » soit réussi, il faut évidemment tout boire d’un trait à travers un tuyau, à genoux sur le sol tandis que l’instructeur verse la mixture dans un entonnoir fixé à l’autre extrémité du tube, et que la foule enthousiaste prodigue des encouragements. Et bien là aussi, je me suis distingué : épreuve brillamment passée, même si j’ai reversé un peu sur mon pantalon et ma chemise (la seule que j’ai prise avec moi !). Mon instructrice m’a alors avoué qu’elle était encore plus nerveuse que moi, car j’ai été son premier Divemaster et que c’est la 1ère fois qu’elle faisait passer un final !

J’ai également reçu en cadeau un joli pendentif en argent pour fêter mon entrée dans le cercle des plongeurs professionnels :

20110926-021824.jpg

Après tout le monde m’a encore offert des tournées, et je ne rappelle pas très clairement la fin de la soirée… Renseignements pris le lendemain, je me suis apparemment mis à danser sur les tables, mais je ne me suis pas mis tout nu ni n’ai déclamé La Venoge. Et par chance, tout le monde était à peu près au même niveau d’éthylisme et personne n’a eu la présence d’esprit de prendre des photos. Dans un dernier sursaut de conscience, j’ai laissé ma moto et suis rentré à pieds, même si je ne sais pas trop par où je suis passé car j’avais les bas de pantalons mouillés le lendemain matin…

Bon, il faut que j’aille renouveler mon stock d’Alca Seltzer.

Le pro

Et bien voila, quatre semaines plus tard :

20110923-084203.jpg

J’ai enfin la réponse à mon existantielle question :

Le geek sur le retour est définitivement soluble dans l’eau de mer !

Une journée ordinaire

Un oeil ouvert dans la pénombre matinale. Encore 5 minutes avant que l’iPhone ne lance la « marimba » matinale. Autant l’éteindre, je suis réveillé. Petit tour à la salle de bains, et petite canette de Nescafé glacé achetée au Seven/Eleven hier soir. Ca passe bien sur la terrasse en regardant les bateaux de pêche partir dans la baie. Bon, il faut que je mette mon costume de travail : un caleçon de bain et le t-shirt frappé aux armes du centre de plongée, cela fait toujours pro de respecter le « dress code ». Je saute sur ma moto, et fait bien attention d’éviter les chiens endormis dans les trous du chemin en allant au centre de plongée.

Je parque ma brêle dans un coin en laissant les clés dessus, inutile de s’encombrer. Les matinaux sont déjà là, les sandwiches à l’oeuf (so british !) sont en cours de fabrication, et coup d’oeil au planning du jour pour voir ce qu’il se passe. On part pour Sail Rock, quelques plongeurs sont prévus, et quelques cours continuent aujourd’hui. Je passe dans la salle du matériel récupérer mon équipement qui sent bon le latex mariné dans l’eau de mer, et vais charger les bouteilles dans la remorque. Déjà les premiers clients arrivent. Il y a un peu toutes les nationalités : anglais, allemands, australiens, coréens, japonais, autrichiens, etc. Tout le monde parle l’anglais qu’il peut, les accents trahissent les origines. Après un café (chaud cette fois-ci), c’est départ pour le port, agrippé sur le 4×4 qui trimballe les bouteilles et les sacs. L’équipage thai du bateau donne un coup de main pour charger (en plaisantant en langue des signes), et c’est le départ à bord du bateau. Certains clients sont nerveux, ils vont plonger pour la 1ere fois, d’autres sont plus calmes, d’autres encore sont malades, sujets au mal de mer… malgré la nautamine, pas de chance !

Après une petite heure de navigation et le briefing de plongée, c’est enfin le monde du silence. Que le bruit de sa propre respiration et de ses propres bulles. Les poissons font leur farandole sur fond d’azur ou marine, selon l’angle de vue… Cela me fait chaque fois penser qu’ils sont chez eux, et pas nous, qui pouvons certes grâce à notre technologie s’inviter dans leur domaine pour quelques instants, mais qui devons finalement rejoindre le monde aérien, ou l’on sent à nouveau son poids, et où la troisième dimension redevient à nouveau hors d’atteinte. Alors on compense les sensations physiques que l’on vient d’éprouver en ayant des échanges verbaux « intelligents » : « Comment c’était ? », « As-tu vu la murène à 15 m ? »… Personne n’écoute vraiment les réponses et tout le monde a le sourire : nous sommes tous des privilégiés d’avoir communié pour un instant dans le monde du silence, et nous en avons tous conscience, indépendamment du niveau de chacun, que ce soit sa 1ere plongée ou sa 527ième.

Deuxième plongée ensuite, jamais la même de toute façon, même s’il s’agit du même site. La lumière change, et en fonction de son humeur ou de ce que l’on a entendu sur le bateau, on va plus se focaliser sur un aspect. On connait un peu mieux ses partenaires et l’on va adapter le profil en conséquence. Et on découvre plein d’autres choses que l’on avait pas remarquées la plongée précédente. Finalement, il faut à nouveau sortir, re-verbaliser les sensations, même si tout le monde comprend sans devoir forcément s’exprimer. C’est social aussi : on cause parce que l’on ne va pas rester tout seul dans son coin à rêvasser.

Et puis c’est le retour, les corvées de transbordement, de rinçage d’équipement et de « loggage » des plongées. Cela se termine généralement au bar, où le monde de la surface reprend finalement le dessus. On s’est tous enrichi d’une journée comme celle-ci, mais on sait très bien que c’est difficile d’intégrer cette expérience dans un quotidien traditionnel. Bien que ce soit un expérience intérieure incroyablement riche, on ne parlera que des anectodes futiles mais socialement admises en surface. Qu’importe, on sait tous ce qui est important dans tout ça…

Tiens, ce ne seraient pas des branchies qui sont en train de me pousser là sur le cou ?

Southbound again

Et c’est parti pour le second « visa run ». Bien que cela devienne routinier, j’ai toujours de la peine à me lever à 4 heures du mat pour ensuite traverser l’ile de part en part en moto pour rejoindre le port. D’autant plus que la route passe à moitié dans la jungle et qu’il n’y a pas tant de réverbères le long du trajet. Des chiens endormis au bord de la route, des palmes (c’est-à-dire des branches de palmiers), et d’autres bestioles non identifiées, ça il y en a tout le long du trajet; il faut avoir les yeux en face des trous malgré l’heure matinale !

On enchaîne ensuite les 3 heures de bateau, les 4 de minibus, le passage des frontières toujours aussi folkloriques, re-minibus et re-ferry avant re-moto à travers la jungle dans la nuit. Il y a par contre plus de circulation à 21h qu’à 4h, mais je ne suis pas convaincu que cela soit un avantage, même si les phares (quand il y en a) font un peu plus de lumière…

Et le truc sympathique, c’est de tailler le bout de gras avec ses camarades de route. C’est assez intéressant de voir les parcours de chacun. Aujourd’hui il y avait avec moi :

– Un Suisse allemand qui avait l’air d’avoir des problèmes administratifs dans son business, car il a passé les trois quarts du trajet au natel;

– Un backpacker d’origine indéterminée qui devait être parti depuis un moment à en juger à l’odeur;

– Une Japonaise Divemaster dans un autre club de plongée au sub de l’île;

– Et le cas social du coin vers chez moi : un anglais qui bosse à mi-temps comme divemaster au club d’à côté et à mi-temps comme cuistot spécialisé dans la gastronomie britannique (!). Il m’a parlé avec passion de la manière de frire le poisson pour le « vrai » fish & chips et où trouver sur l’île les meilleurs rognons pour le kidney pie. Il est en outre excellent musicien et j’ai joué plusieurs fois avec lui lors des jam sessions hebdomadaires au bar du coin : j’avais l’impression d’être avec Jim Morrison. Si ça se trouve, ce dernier n’est pas au Père Lachaise mais bien vivant en train de faire la cuisine quelque part sur Koh Pha-Ngan !

Bref, c’est long, mais toujours intéressant ces visa runs !

Le bleu foncé

Selon le hasard des fréquentations, notre club de plongée fait parfois bateau commun avec le club voisin. Cela permet d’économiser sur la logistique, tout en gardant un bon niveau de prestations. C’est aussi l’occasion de rencontrer d’autres plongeurs et de sympathiser entre membres du staff de différents club.

Cela je ne le savais pas lorsque j’étais un bleu et que je me suis cassé le dos à trimballer des bouteilles avant d’être relevé par la petite minette de 18 ans et 40 kg. Et bien hier, j’ai lavé l’affront : la même minette était avec nous sur le bateau, et lors du transvasage final au port, elle a dû s’arrêter de passer les bouteilles tellement elle n’en pouvait plus. Alors votre serviteur est apparu, le muscle saillant, et je l’ai écarté d’un geste paternaliste : « Take a rest, I will do it. » Je ne sais pas si elle s’est rappelé l’épisode d’il y a quelques semaines, mais moi, ça m’a fait un bien fou !

Barfly

Il m’en est arrivé une pas mal hier en fin d’après-midi : concédant à la tradition anglo-saxonne, je me suis rendu après ma journée de travail au bar du centre de plongée pour partager un verre avec mes camarades. Le bar est sur pilotis, à environ 1.5 m du sol. Le plancher est formé de lattes en bois qui subissent l’assaut permanent du climat tropical. Et en voulant attraper mon sac pour payer ma première consommation (que je n’avais même pas encore entamée), mon pied tranverse une latte pourrie et je me retrouve « planté » dans le plancher du bar !

Hormis la blessure infligée à mon amour propre et l’entaille ainsi faite à mon prestige, je me retrouve avec une belle écorchure sur le pied gauche (oui, on est toujours à pieds nus ici). Rien de grave, mais cela se trouve juste sur la sangle de la palme et cela me fait un mal de chien dès que je dois nager. Et il y en bien pour quelques jours; étant donné la culture bactérienne présente dans une bottine de plongée utilisée quotidiennement dans de l’eau tropicale, cela met longtemps à cicatriser.

Et dire que je n’avais même pas bu une gorgée…

Ça avance…

Cela fait exactement deux semaines que j’ai commencé ma formation de Divemaster. Ça avance pas trop mal :

20110910-061925.jpg

La théorie, c’est allé assez vite : deux coches par jour en moyenne. Mais bon, depuis que je sais lire j’ai passé mon temps à potasser des bouquins, ce n’est pas la partie qui m’inquiétait le plus. Les coches du bas sont plus dures; il s’agit des « skills » pratiques et certains (comme le guidage ou le circuit de démonstrations) prennent facilement plusieurs jours.

J’ai en outre passé avec succès le « stress test » (qui s’appelle d’ailleurs maintenant plus diplomatiquement « equipment exchange »), qui consiste à échanger avec un camarade tout son matériel (sauf le slip de bain !) sous l’eau en respiration alternée sur un seul détendeur. C’est généralement le plus redouté, et il a passé chez moi comme une lettre à la poste, note maximale s’il vous plaît!

Le geek sur le retour serait-il finalement soluble dans l’eau de mer ? Réponse définitive bientôt !

Au bureau

Météo parfaite aujourd’hui, pas trop de vagues, même s’il y avait un peu de courant malgré tout. Bref, j’étais bien content de retrouver mon bureau aujourd’hui :

20110907-080706.jpg

En fait, je travaille plutôt dans les étages inférieurs, mais la compagnie là en bas est très agréable et surtout SILENCIEUSE ! Ça changera malheureusement à la rentrée…

Cargo de nuit

« 35 jours sans voir la terre… » (Oui, on les références que l’on peut!)

20110905-095143.jpg

En fait à peine trois heures. Le plus dur c’est de se lever à 4h du matin pour attraper le ferry qui part à 5h de Koh Pha-Ngan pour Surat Thani. Et là encore, je trouve que le Lonely Planet commence à être moins fiable : j’ai la dernière édition (en anglais, car la version française a toujours un délai de plus) et ils y disent que le night boat est « rough » et qu’il faut prévoir à boire, à manger et que c’est mal famé. Et bien alors que je m’attendais à me retrouver à fond de cale avec une rame dans chaque mains, le ferry est tout à fait confortable. Certes c’est un cargo, mais il y a des sièges passager, une boutique qui vend boissons et boustifaille, et même une zone VIP climatisée. Faut quand même pas pousser…

Une fois sur le continent, le chauffeur nous attend (« nous » car nous sommes visiblement une demi-douzaine dans le même cas) et départ en minibus pour la frontière Malaise (env 300 km à vue de pif). Le chauffeur roule à tombeau ouvert, mais Bouddah est avec nous et on arrive sans encombres vers 12h30.

C’est là la partie rigolotte : on sort de Thailande en rendant la carte de « non-immigrant », puis on va faire la queue à la douane Malaise au guichet « arrivées ». On fait ensuite 20 mètres en Malaisie pour faire le tour de la cahute du douanier et rejoindre le guichet « sorties ». Re-tampon, et repassage à la douane Thaïe au guichet « arrivées ».
Le douanier voit mon passeport rouge et me dit « Ah, Swizaland, Loger Fedelel ». Je comprends au bout de quelques secondes : « Yes, Roger Federer is one of my good friend ! » Et jeu, set et match : 15 jours de plus !

A peine 30 minutes pour la manoeuvre, et re-minibus pour Surat Thani. Arrivée même en avance pour le ferry de 18h. Bref à 21h30, c’est bouclé, je suis à la maison avec mon visa prolongé. Ça fait une grosse journée, ça coûte une quarantaine de Frs, mais malheureusement ce n’est valable que pour 15 jour. Dommage que je n’arrive pas à goupiller les horaires de ferry et d’avion pour obtenir un mois de plus d’un coup, mais je crois qu’il n’y a rien à faire : c’est impossible en un seul jour.

Qu’importe, j’adore ce pays !