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Visa run – le retour

Bien qu’ayant une longue tradition d’extrême droite, et ayant milité toute ma vie pour foutre dehors tous les sales étrangers de Suisse qui viennent lâchement profiter de l’humanisme éclairé de son Souverain pour se goberger gratuitement à nos crochets, tout en violant nos lois, nos femmes et nos filles, je me retrouve maintenant moi-même dans la situation précaire de parasite et doit me plier aux caprices de la loi thaïe qui m’oblige à sortir tous les 60 jours du pays. Sur les conseils de plusieurs collègues, j’ai tenté cette fois ma chance à Penang, en Malaisie, où il est apparemment plus facile de prolonger un visa. Et bien je ne suis pas déçu du voyage…

Premièrement, la première tentative de départ a dû être avortée, étant donné que je ne pouvais pas m’éloigner des toilettes de plus de 10 m sans craindre pour mon prestige personnel. Une gastro comme ça, je n’en n’ai pas eu une pareille en deux ans ici… Avec fièvre, crampes, stupeur et tremblements, le package complet. Heureusement que cela n’a duré que deux jours. Mais bon, je me suis du coup retrouvé en « overstay » et ai dû m’acquitter de l’amende pour pouvoir quitter le pays sans passer par la case prison. Sans parler du 1er billet de bus qui fut dépensé pour la gloire.
Le deuxième essai fut plus concluant. Mais c’est là que je me suis encore rendu compte que mon île est loin de tout : 15h de voyage pour rallier George Town et Penang en bateau et divers bus, qu’et-ce que c’est loooooonnng…

Une fois sur place, je me suis mis en quête de Mr Jim, qui d’après un de mes collègue, possède des entrées priviligiées au consulat de Thaïlande. Alors me voila sorti du bus je ne sais pas trop où, dans un pays dont je ne parle pas un traitre mot de la langue, et sans le moindre centime de monnaie locale (je suis mal habitué avec la Thaïlande où on trouve des ATMs tous les 10 m), à la recherche de Mr Jim. Je le trouve finalement dans un endroit assez louche, à 22h30 au milieu d’un quartier relativement glauque et fréquenté par un grand nombre de dames (ou messieurs je n’ai pas été vérifier) qui vous demandent du feu dans la rue et ce que vous avez de prévu pour la soirée… Bref, je largue mon passeport en espérant que M. Jim sera là demain, et tente de me trouver un hôtel à peu près respectable.
Le lendemain, je constate avec surprise et satisfaction que je n’ai ni été devoré par la vermine, ni violé par un travelot pendant la nuit. Je me ballade un peu dans la ville et me rends à l’heure convenue chez Mr Jim, qui me rend mon passeport avec le visa tout ce qui à l’air de plus authentique. Oui, je sais, je vois le mal partout, la Nature est bien faite et l’humanité est profondément bonne et bienveillante. Promis, je relis Rousseau dès que je rentre entier à la maison (en Europe ou en Thaïlande ??? Je ne sais plus !).

Southbound again

Et c’est parti pour le second « visa run ». Bien que cela devienne routinier, j’ai toujours de la peine à me lever à 4 heures du mat pour ensuite traverser l’ile de part en part en moto pour rejoindre le port. D’autant plus que la route passe à moitié dans la jungle et qu’il n’y a pas tant de réverbères le long du trajet. Des chiens endormis au bord de la route, des palmes (c’est-à-dire des branches de palmiers), et d’autres bestioles non identifiées, ça il y en a tout le long du trajet; il faut avoir les yeux en face des trous malgré l’heure matinale !

On enchaîne ensuite les 3 heures de bateau, les 4 de minibus, le passage des frontières toujours aussi folkloriques, re-minibus et re-ferry avant re-moto à travers la jungle dans la nuit. Il y a par contre plus de circulation à 21h qu’à 4h, mais je ne suis pas convaincu que cela soit un avantage, même si les phares (quand il y en a) font un peu plus de lumière…

Et le truc sympathique, c’est de tailler le bout de gras avec ses camarades de route. C’est assez intéressant de voir les parcours de chacun. Aujourd’hui il y avait avec moi :

– Un Suisse allemand qui avait l’air d’avoir des problèmes administratifs dans son business, car il a passé les trois quarts du trajet au natel;

– Un backpacker d’origine indéterminée qui devait être parti depuis un moment à en juger à l’odeur;

– Une Japonaise Divemaster dans un autre club de plongée au sub de l’île;

– Et le cas social du coin vers chez moi : un anglais qui bosse à mi-temps comme divemaster au club d’à côté et à mi-temps comme cuistot spécialisé dans la gastronomie britannique (!). Il m’a parlé avec passion de la manière de frire le poisson pour le « vrai » fish & chips et où trouver sur l’île les meilleurs rognons pour le kidney pie. Il est en outre excellent musicien et j’ai joué plusieurs fois avec lui lors des jam sessions hebdomadaires au bar du coin : j’avais l’impression d’être avec Jim Morrison. Si ça se trouve, ce dernier n’est pas au Père Lachaise mais bien vivant en train de faire la cuisine quelque part sur Koh Pha-Ngan !

Bref, c’est long, mais toujours intéressant ces visa runs !